Texte De Gisèle Rigal
Photos d'Anne Marie de Contes et de Corinne Grossot
On se disait « il n’y en aura plus, le soleil les aura toutes englouties » on y est allé et on a bien fait. Départ de Grenoble 7 h. Le car avale les kilomètres de l’autoroute rapidement, ensuite les routes départementales se succèdent, lentement, le long des Gorges du Doux. On passe les virages, on laisse des directions à gauche, on se retrouve cahotant à droite, le soleil arrivant sud-est, presque de face laissant tout le revers des forêts dans l’ombre de l’autre côté. Et là, après le petit pont qu’on croyait ne pas pouvoir franchir, que voit-on ? Empurany pendu au ciel, autour de son église, pas grand, sous le soleil resplendissant, entre ses arbres, entre ses toits.
En moins de deux, tous les groupes sont partis avec à leur tête un animateur, Mireille, Jacques, Gilles, Olivier et moi...On a d’abord traversé le village, plus ou moins vite. Nous, les « très doux », on a pris le temps de laisser battre notre cœur sur la place, ouvrir grands les yeux sur les étalages de tout et de rien...on s’est attardés devant l’enclos des chevrettes blanches, étonnés devant les poules et coqs ébouriffés, interroger devant les lapins impassibles. Les portes austères des maisons sont closes, les volets encore, Dominique nous fait remarquer les pierres sévères des murs à la douceur grise et jaune. Au beau milieu du village, les marchands de cerises sont là. Vite, on achète et on fait mettre de côté, à l’ombre. Ce réflexe est stupide, des cerises, il y en a et il y en aura toute la journée et pour tout le monde.
On fait le tour de l’église sans la visiter, on se dit qu'on le fera plus tard, le soleil tape et il faut penser à faire notre petit tour à travers les vergers tant qu'il est temps. Chemin faisant je me demande pourquoi on a choisi ce lieu, ne se peut-il pas que ce soit - dites - à cause de sa beauté ? Les rais de soleil traversent les feuilles, s’écrasent en éclaboussures sur les pierres des chemins, des murets, sur le jaune orangé des abricots blottis entre les feuilles et les branches.
Ceux qui randonnent un peu plus haut, sur les collines, nous diront avoir vu des cerises en train de mûrir. Il y en a à foison malgré le gel de ce printemps nous ont dit les villageois.
Chevrettes toutes blanches |
Bel appétit !!! |
On prend le temps, marcher, se reposer, s‘asseoir quand l’envie nous prend tandis que nos copains plus dynamiques ne perdent pas une minute pour ne pas arriver trop tard au repas.
Nous c'est à l’ombre qu’on casse la croûte, les uns au village sur les marches de l’église les autres sous un arbre. Les randonneurs reviennent les uns après les autres suants, fatigués mais heureux. Me voilà tranquille, il y a de la ratatouille et du clafoutis pour tous.
Y en a même qui on vu une baleine dans le pré, il est temps qu'ils arrivent pour se restaurer ???
Les animations battent leur plein, Michelle est invitée à danser la "carmagnole"
D'autres mélangés aux habitants convoitent les objets du vide grenier, les paniers, torchons, babioles de toutes sortes, ils tâtent, marchandent…et il y a ceux qui vont boire un petit coup au bistrot car joie et bonheur il y a encore un bistrot à Empurany.
Voilà, la journée est passée comme une lettre à la poste, il faut déjà repartir, on suit le bas de la pente pour rejoindre le car, on se salue, le cœur bondit quand le car démarre. Il faut repasser sur le petit pont, recevoir par dessus la feuillée des gifles de lumière...
« On a chanté le temps des cerises
Et gais rossignols et merles moqueurs
Les belles avaient la folie en tête
Et les amoureux le soleil au cœur...»
On voudrait bien ne pas être né quelque part mais il n'y a rien à faire, le cordon ombilical n'est jamais coupé. Ce petit village ne ressemblerait-il pas à celui de notre enfance ...
Aucun commentaire:
La publication de nouveaux commentaires n'est pas autorisée.